Algérie :Tamazight langue officielle mais rien de concret pour le moment
Un avant-projet de création de haut conseil chargé de la promotion de la langue et de la culture amazighes (HCPPLCA) est en cours de préparation, dans le cadre des commissions de mise en œuvre de la plate-forme d’El-Kseur. La mesure a été révélée hier à la presse par le chef de la délégation des aârchs, en négociation avec le gouvernement, Belaïd Abrika, invité au forum de notre confrère El-Bilad.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’Etat vient encore une fois de charger le mouvement - informel - citoyen des aârchs d’annoncer un ensemble de mesures qui concernent l’avenir du pays. Après l’annonce faite à l’issue du dernier comité de suivi de la mise en œuvre de la plate-forme d’El-Kseur, concernant le retour au week-end dominical, il y a de cela un mois, et jamais démentie par Ouyahia, le comité, qui s’est réuni mardi dernier, fait d’importantes annonces.
Selon Belaïd Abrika, le projet de mise en place du HCPPLCA est le fruit des négociations entre les deux délégations sur le troisième chapitre de la plate-forme et qui porte sur les revendications historiques et démocratiques. Les prérogatives et les missions de ce conseil seront définies selon les besoins qui s’imposent pour la promotion de la langue et la culture amazighes.
Il faut rappeler que cette mission incombait jusque-là au Haut conseil à l’amazighité dont la création remonte à 1995. A la question de savoir si ce nouveau conseil devrait se substituer au HCA, Abrika n’écarte pas cette possibilité : «Pourquoi pas ? Si les objectifs du conseil permettront le suivi et l’application des décisions qui seront prises conformément à la volonté du peuple, telle qu’exprimée dans le chapitre démocratique et historique de la plate-forme d’El-Kseur».
Toujours dans le cadre des négociations, la délégation des aârchs a évoqué mardi dernier avec le chef du gouvernement la question de la liberté d’expression et de celle de la presse notamment. «Nous avons discuté des cas d’emprisonnement des journalistes et du harcèlement judiciaire qui s’abat sur certains d’entre eux.
C’est la raison pour laquelle nous avons décidé, avec le chef du gouvernement, de mettre en place un conseil qui va prendre en charge les doléances de la presse et faire avancer le débat avec cette corporation», a déclaré en substance M. Abrika.
Selon l’orateur, cela contribuera à l’édification d’un Etat de droit et démocratique. L’objectif de ce conseil qui, apparemment, va s’inscrire dans le défunt Conseil supérieur de l’information, serait, selon Abrika, de «permettre à la presse d’exister, d’informer et de travailler en toute liberté au service du citoyen».
«Cela ne pourra pas se concrétiser, cependant, sans la dépénalisation du délit de presse», fait remarquer Abrika. La dissolution des assemblées locales est imminente Evoquant par ailleurs la question de la «révocation» des élus locaux de la Kabylie, le chef de la délégation des aârchs a souligné que ce point a fait l’objet de clarifications par le chef du gouvernement, qui a pris la ferme décision de dissoudre les assemblées locales.
Le conférencier n’a pas précisé si c’est le chef du gouvernement qui le fera en personne ni par quel artifice juridique. Il est toutefois important de relever que les partis politiques disposant d’élus en Kabylie, à l’exemple du RND et du FLN, ont échoué dans leur mission de convaincre leurs élus de démissionner.
Cette fermeté a ainsi amené le chef du gouvernement à chercher un autre moyen pour tenir sa promesse faite en janvier dernier pour faire partir les élus locaux. «L’application de cette décision est imminente», a affirmé Abrika. «Les élus n’ont rien à craindre.
S’ils ont des bilans positifs, ils assureront leur réélection, mais si ce n’est pas le cas, ils n’ont aucune raison de rester», a-t-il ajouté. Pour lui, il est temps de mettre un terme à la corruption et aux malversations dont se sont rendu coupables les élus locaux.
«Nous lançons un appel aux citoyens afin qu’ils contribuent à l’instauration d’un Etat de droit, en dénonçant la mafia locale et en s’adressant à la justice», a-t-il lancé dans la foulée. Abrika espère rencontrer le président Bouteflika Sur la question de tamazight en tant que langue officielle, la CADC est toujours déterminée, rappelle Abrika, en lançant qu’»il est hors de question que cette question soit soumise à un référendum».
Il ne cache pas néanmoins que les discussions sont difficiles et que rien de concret n’a été conclu. Pour Abrika, seul le président de la République a le pouvoir de trancher. Or le président Bouteflika a insisté à deux reprises cette année sur la place de la langue arabe dans la Constitution comme unique langue officielle.
Le représentant du mouvement citoyen dit ne pas écarter l’éventualité de rencontrer le chef de l’Etat sur ce sujet, à condition que «celui-ci affiche cette volonté. Il ne faut pas perdre de vue que le chef du gouvernement a été mandaté par le président de la République pour la mise en œuvre de la plate-forme d’El-Kseur», a signalé l’invité d’El-Bilad, pour afficher l’attachement du mouvement citoyen à l’accord signé avec le gouvernement le 15 janvier 2005.
Le comité de suivi se réunira la semaine prochaine pour débattre le reste des points inscrits dans le troisième chapitre. D’autres décisions tout aussi importantes sont attendues.
Source : Le jeune indépendant/I.M