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 La conscience nationale, un préalable pour tout mouvement de

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Thagrawla
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Thagrawla


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La conscience nationale, un préalable pour tout mouvement de Empty
MessageSujet: La conscience nationale, un préalable pour tout mouvement de   La conscience nationale, un préalable pour tout mouvement de Icon_minitimeMar 18 Avr - 14:38

La conscience nationale, un préalable pour tout mouvement de Arton16360ge



Carles Castellanos est un militant indépendantiste catalan depuis les années 1960. En 1960, alors que Franco était au pouvoir, Carles Castellanos adhère au Front National de Catalogne, un parti nationaliste catalan. En 1968, il crée avec d’autres camardes le Parti Socialiste d’Alliberament Nacional (parti socialiste de libération nationale). En 1985, il s’engage dans le Mouvement de la défense de la terre qui est l’expression politique de la lutte indépendantiste de l’époque où il y avait une organisation armée "Terra Lliure" (terre libre).

La conscience identitaire catalane a gagné, au cours de ces dernières années, du terrain en Catalogne au point où une majorité du parlement catalan est devenue favorable à un statut politique définissant la Catalogne comme une nation et réclamant pour la Catalogne la perception de ses propres impôts. Cette situation est le résultat de très longues expériences que j’essayerai de passer en revue dans cet exposé.

Le cas catalan peut-il être un modèle ? Par rapport à cela, il convient de préciser que dans les expériences sociales il n’y a pas de modèles : je ne vois donc pas comment le cas catalan pourrait être un "modèle". Il y a, en revanche, des réflexions et des processus qui peuvent nous servir pour réfléchir. Aussi, il existe des processus concrets qui peuvent nous servir pour aborder des situations similaires.

C’est la raison pour laquelle j’aborde mon exposé d’un point de vue comparatif et en partant d’une approche historique et générale.



Les phases du mouvement national (en général)

Avant de décrire les événements qui ont marqué le mouvement catalan - en tant que mouvement national -, il faut observer ce phénomène avec une certaine perspective et d’une manière générale.

La conscience politique de soi-même, en tant que collectivité, n’arrive pas d’une manière soudaine. Il s’agit d’un processus long. La conscience d’une collectivité opprimée traverse habituellement plusieurs étapes avant d’arracher la reconnaissance de son identité collective. Ce processus s’effectue tout en identifiant aussi bien le pouvoir ennemi que les forces sociales alliées à ce pouvoir.

Au niveau historique, il convient de signaler les trois phases suivantes :
- La phase des luttes pré-démocratiques ;
- La phase des luttes démocratiques pré-nationales ;
- La phase des luttes nationales : l’autonomie et l’indépendance.


La phase des luttes pré-démocratiques

Il y a tout d’abord une première phase dans laquelle l’ethnie concernée, qui se trouve soumise à des différentes formes de domination, manifeste sa protestation contre les pouvoirs d’une façon confuse. En effet, elle ne se reconnaît pas en tant que sujet collectif et n’identifie pas, d’une manière claire, les forces politiques qui interviennent dans le conflit.

A titre d’exemple, les paysans catalans luttaient au XVIIe siècle, pendant le conflit dénommé "Guerra dels Segadors" (guerre des moissonneurs), contre le mauvais gouvernement ("contra el mal govern") et ils comptaient sur l’aide de Dieu, la croix présidant leurs mobilisations... A d’autres occasions, les Catalans ont fondé leur lutte sur la défense de leur "rei i senyor" (roi et seigneur). Il s’agissait, alors, de raisons de lutte non identifiées d’une façon claire. Les Catalans ne s’identifiaient pas comme peuple en tant que collectif humain et encore moins comme peuple catalan en tant que tel avec ses intérêts collectifs.


La phase des luttes démocratiques pré-nationales

Une fois l’époque de la prééminence de la religion et de la monarchie surmontée, les luttes des nations opprimées s’expriment habituellement en tant que "peuple en général" mais sans s’identifier avec sa propre nation : on défend les intérêts matériaux, libertés générales, etc. en oubliant les droits collectifs en tant que nation. Dans cette phase, il y a des luttes pour la culture et la langue, pour l’augmentation des salaires, contre les dictatures, contre les empires etc.

Les Catalans, par exemple, ont mené une lutte contre la dictature du général Franco et pour la démocratie, mais ces deux objectifs ne sont pas spécifiquement nationaux. Les Kabyles, eux aussi, ont lutté, par exemple, pour l’Algérie indépendante et contre le colonialisme français etc., avant de développer une conscience collective de soi.


La phase des luttes nationales. L’autonomie et l’indépendance

Ce n’est que dans une étape de conscience de soi plus avancée que les luttes nationales prennent leur niveau d’organisation et de conscience adéquat.

On est alors en mesure d’entreprendre des luttes pour l’accès à des formes diverses de souveraineté politique (indépendance, autonomie, état fédéral, etc.). Dans ce cas, la lutte collective est déjà engagée d’un point de vue national.

En Catalogne une évolution de la conscience politique collective prend corps, dans ce sens, vers la fin du XIXe siècle (1880 : Ir Congrès Catalaniste, 1892 : Assemblée de l’Unió Catalanista, 1901 : création de la Lliga Regionalista). Il s’agit pour la plupart, à cette époque, de formations de droite qui atteignent un certain pouvoir dans l’administration de la Mancomunitat de Catalunya (1914-1923 : coordination des services publics de quatre provinces).

Un catalanisme de gauche naît aussi et prend corps au début du XXe siècle (1915 : Bloc Republicà Catalanista, 1931 : Esquerra Republicana de Catalunya, 1935 : Partit Obrer d’Unificació Marxista, 1936 : Partit Socialista Unificat de Catalunya). Cette évolution est traversée par deux dictatures qu’a connues l’État espagnol (Primo de Rivera 1923-1930), (Francisco Franco 1939-1978) qui se prolongent pendant presque la moitié d’un siècle.

Les positions indépendantistes ont eu une première expression de type "insurrectionnel" pendant la première dictature (1923 : Estat Català), à l’image de l’exemple irlandais, et une deuxième expression plus répandue socialement, après le franquisme (1968 : Partit Socialista d’Alliberament Nacional dels Països Catalans, 1984 Moviment de Defensa de la Terra). Un parti parlementaire, Esquerra Republicana de Catalunya, se définit aussi comme indépendantiste à partir de 1991.

Ces étapes générales de conscience doivent être surmontées d’une manière successive, après avoir tiré, la nation en lutte, des expériences des luttes précédentes, les conclusions permettant d’atteindre une conscience collective autour d’objectifs plus clarifiés.

Dans les conditions actuelles, on peut résumer la situation en signalant qu’en Catalogne il y a une conscience catalaniste assez répandue avec une importante proportion (près de 25 % des opinons) indépendantiste. Dans le cas d’un référendum pour l’indépendance, cette proportion serait beaucoup plus large (plus de 50% dans la région autonome de la Catalogne. Dans les autres régions de langue catalane - Pays de Valence, Îles Baléares, Catalogne du Nord, Franja de Ponent - le degré de politisation étant moins poussé).


Aspects et niveaux du mouvement national

Cette évolution peut aussi nous servir pour analyser les stades de conscience qui apparaissent au sein de la nation, dans son processus de conscience de soi, stades de conscience qu’on peut trouver dans le moment présent.

Les luttes populaires sont caractérisées par :
- Les mouvements sociaux et culturels ;
- Les organisations défensives (anti-répressives, des Droits de l’Homme etc.) ;
- Les organisations politiques conventionnelles (c’est à dire, parlementaires).

Toutes ces formes de lutte ont des limites sérieuses vis-à-vis des nécessités politiques d’une lutte nationale.

Limites des mouvements sociaux et culturels

En ce qui concerne les mouvements sociaux et culturels, il faut signaler qu’il s’agit de mouvements peu politisés et, souvent, aussi avec une perspective très locale. En général, lorsque les mobilisations déclinent, la réalité politique redevient la même, inchangée en ce qui concerne le cadre politique. Les différents mouvements populaires revendicatifs, en raison de leur importance et de leur incidence sur de larges couches sociales, peuvent accueillir des contenus politiques peu poussés. D’ailleurs, l’éparpillement des structures de base dans le territoire et les exigences politiques assez faibles rendent ces mouvements très enracinés dans les structures locales mais peu disposés à prendre en charge les tâches nécessaires au niveau national.

Limites des organisations défensives (anti-répressives, des Droits de l’Homme etc.)

De leur côté, les organisations défensives se définissent par leurs propres noms. Elles restent sur la défensive ; elles servent à faire avancer la conscience politique parce que la lutte contre la répression met en évidence les caractéristiques de l’oppression de l’État. Ces organisations oeuvrent pour une importante cohésion sociale fondée sur la solidarité, mais leur but n’est point politique non plus.

Limites des organisations politiques conventionnelles (parlementaires etc.)

Enfin, les organisations politiques conventionnelles, c’est-à-dire, d’une façon générale, les partis parlementaires, restent absorbées par la quotidienneté de la vie parlementaire (les élections, les débats, les décisions du parlement ou du gouvernement etc.) de telle façon que la logique - la façon de penser - de l’État marque leurs limites. Ils travaillent surtout à la recherche des voix pendant les élections et pour cela ils tendent à s’adapter au niveau de conscience générale (peu développée dans les premières étapes de la lutte).

Les partis parlementaires ont les insuffisances suivantes :
- Ils manquent de réflexion : ils limitent leurs analyses aux objectifs électoraux.
- Ils ne mobilisent pas : souvent même ils réagissent contre les mobilisations si elles ne leur permettent pas de gagner des voix électorales.
- Ils ont horreur de toute sorte de rupture politique : ils se perçoivent (et sont aussi ainsi considérés) en tant que partie prenante du système politique. [Et tout de même la rupture politique est nécessaire dans tout processus identitaire avec conscience de soi].

Qu’est-ce qu’il faut pour avancer ?

Si la plupart des structures existantes - qui sont les plus connues - n’œuvrent pas pour faire avancer la lutte nationale et populaire, quels sont les moyens qu’il faut se donner ?

De mon point de vue, on peut retenir trois fonctions principales qui devraient être garanties ainsi que deux éléments afin de dynamiser ces fonctions.

Les trois fonctions qui doivent être garanties sont la Réflexion, le Débat et la Propagande. Ces fonctions ne sont pas remplies dans les niveaux limités d’organisation et conscience ordinaires qui se développent sans poser un conflit sérieux à l’intérieur de la société.

Afin d’avancer vers la conscience et l’organisation adéquates du mouvement national, il faut déployer tout d’abord la Réflexion de façon à être en mesure d’analyser la réalité, afin de planifier d’une manière efficace les actions et les propositions pour le mouvement national. Il faut aussi du Débat, c’est-à-dire que la réflexion devienne collective, qu’il y ait de la confrontation des opinions qui fasse avancer la conscience collective en faisant connaître la réalité et aussi en menant une lutte idéologique capable de contrecarrer, par des arguments solides, la propagande de l’État. L’on doit être ainsi en mesure - par la réflexion et le débat - de combattre toute sorte de discours et de propagande opposés.

La Propagande est, donc, aussi nécessaire en tant que telle pour le mouvement national. Cela doit se traduire par la capacité de diffusion des idées, propositions et argumentations que le mouvement déploie et qui doivent être à la portée de la plupart de la population.

Les deux éléments qui devraient dynamiser ces fonctions sont :

- D’un côté, un instrument organisationnel, un noyau dynamisant, c’est-à-dire un groupe de personnes qui soient capables de se coordonner afin de mettre en commun leurs réflexions et propositions. Cela pourrait être, par exemple, un parti à condition qu’il ne doit pas se limiter à l’action parlementaire. Comme ça pourrait être un collectif qui dynamise la pensée, la lutte idéologique, l’organisation, la propagande etc. Un collectif de personnes, en définitive, qui soit capable de prévoir les attaques et les évènements.


- D’un autre côté, il faut un contenu déterminé des formes d’action ; il faut que le mouvement mette en place des actions et propositions de rupture. On doit partir du constat que le mouvement national est en fait une rupture avec la légalité en vigueur pour la mise en place d’une légalité nouvelle qui découle d’un corps national nouveau (la nation auparavant subordonnée) qu’il faut légitimer politiquement. Les actions (mobilisations, manifestes, prises de position collectives etc.) peuvent, donc, être toujours légitimes mais parfois peuvent se retrouver, dans certains aspects, hors de la légalité en vigueur.

Dans certains cas, cette rupture s’exerce aussi au moyen de la lutte armée. Cela a existé en Catalogne et en Irlande, par exemple, mais à des échelles différentes, et persiste encore aujourd’hui au Pays Basque et en Corse. Mais, à mon avis, ce n’est pas forcément nécessaire. Et je signale que, dans les conditions actuelles, la lutte armée peut ne pas être efficace.

L’idée principale, en ce qui concerne les actions et propositions de rupture, est que le mouvement soit conscient, du moins dans les cercles plus politisés, de la nécessité de cette rupture politique démocratique. Il doit également se préparer et préparer l’ensemble du mouvement et du peuple aux besoins du combat pour la rupture démocratique, tout en étant disposé à affronter les conséquences de la lutte qui mène à la liberté.


Carles Castellanos Llorenç
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