Thagrawla Administrateur
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| Sujet: Affaire Tilelli : 11 ans déjà Dim 15 Mai - 14:04 | |
| En 1994, sept militants amazighs avaient défié le régime de Hassan II et ont "osé" exprimer publiquement leur rejet de la politique de marginalisation et d’exclusion de tamazight. Il ont été arrêtés et traduits devant les tribunaux de la monarchie. Mais cela n’a fait que susciter une mobilisation internationale. Ainsi, l’attitude de la monarchie marocaine n’a fait que l’on a parlé beaucoup de la question amazighe au point où de peur que le choses aillent plus loin, Hassan II, dans son discours d’août 1994, avait "promis" l’enseignement des "dialectes" berbères. C’était bien entendu pour calmer la situation et éviter que le mouvement prenne de l’ampleur. Aujourd’hui, on peut considérer que l’épisode de 1994 constitue un tournant dans l’évolution du mouvement amazigh.
Retour sur ces évènements.
Mai 1994. Les autorités de la ville d’Imtghren (Errachidia) avaient procédé à l’arrestation de sept militants de la cause amazighe à Imtghren (Errachidia) au Sud-Est de Tamazgha occidentale.
Il s’agit de Ali Harcherras, Taous M’bark, Ali Ikken, Omar Derouich, Ahmed Kikich, Ali Ouchna et Saïd Jaâfar.
Ces jeunes militants n’étaient autres que des membres du Bureau et des sympathisants de l’association Tilelli basée à Tizi n Imnayen (60 km au Sud d’Imtghren).
Le "crime" de ces militants était leur participation au défilé du 1er mai 1994 arborant des banderoles transcrites en caractères tifinagh scandant des slogans en faveur de la langue et de la culture amazighes et contre leur exclusion. Ils ont revendiqué un statut de langue officielle pour la langue amazighe. Ils ont également diffusé le mémorandum adressé par les associations amazighes au premier ministre marocain en mars 1994.
Le mémorandum en question porte, rappelons-le, sur les droits linguistiques et culturels amazighs tels qu’ils sont énoncés dans la Charte d’Agadir [1].
Les sept militants, traduits le 7 mai 1994 devant le tribunal d’Imtghren, étaient poursuivis pour "agitation et atteinte à l’ordre public, profération de slogans en contradiction avec la constitution et incitation à commettre des actes contre la sécurité intérieure de l’Etat".
Quatre militants seront acquittés le 27 mai. Deux seront condamnés à deux ans de prison ferme. Un autre à une peine d’un an de prison ferme assortie d’une amende de 10.000 dhs [2].
Grâce à la mobilisation internationale sans précédent suscitée par ces détentions arbitraires, les détenus seront relâchés et reconnus comme détenus politiques. Ce procès, unique en son genre dans les annales de la bataille menée contre les militants amazighs à Tamazgha occidentale, était et reste l’un des procès politiques qui ont marqué le siècle dernier.
Le procès de Tilelli est une preuve de la volonté des autorités marocaines d’étouffer les revendications amazighes et d’anéantir l’existence de tout un peuple. Cette volonté est toujours vivace.
Onze ans après ce procès, Tilelli, cible de plusieurs actes visant son anéantissement, demeure une association de référence dans le paysage amazigh.
En ce 11ème anniversaire de ces arrestations arbitraires, nous rendons hommage à tous les militants de cette association et nous les assurons de notre soutien. | |
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